De la potasse au business des \u0153uvres d\u2019art
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De la potasse au business des \u0153uvres d\u2019art
Dmitry Rybolovlev passe allègrement d\u2019une activité l\u2019autre pour accroître
sa fortune. Mais l\u2019oligarque conserve les mêmes méthodes détestables pour
parvenir ses fins, comme dans le projet de port franc de Vladivostok.
Il a été médecin Perm, producteur
de potasse Berezniki, collectionneur d\u2019art Genève, patron de club de foot
Monaco. Le voil désormais tout entier dévoué au business des \u0153uvres d\u2019art. Pas
n\u2019importe quel business puisqu\u2019il s\u2019agit de la création d\u2019un port franc
Vladivostok, dans l\u2019Extrême-Orient russe, une région voisine des grands marchés
en pleine croissance que sont la Chine, la Corée du Sud et le Japon.
Le plus grand du monde
Le port franc (ou Freeport) est
devenu, en quelques années, un outil indispensable au développement mondialisé
du marché de l\u2019art. Il s\u2019agit d\u2019une sorte de coffre-fort géant, donc hyper
sécurisé, dans lequel les \u0153uvres sont chargées, déchargées, stockées, montrées,
expertisées, achetées et vendues sur place.
Les ports francs bénéficient d\u2019importants avantages fiscaux et douaniers. Ils
sont entourés, en outre, d\u2019une grande discrétion qui convient parfaitement aux
collectionneurs, marchands et autres
courtiers. Mieux qu\u2019une banque suisse !
Le plus grand port franc dédié l\u2019art, et le premier du genre, est
indiscutablement celui de Genève. Avec 150.000 m2 de surface, dont un tiers
abrite des \u0153uvres mondialement célèbres, il sert de modèle et d\u2019exemple tous
ceux qui suivront. A l\u2019origine de cette b invention \u00bb, un marchand
d\u2019art genevois, Yves Bouvier, Administrateur de la société Natural Le Coultre.
Il est locataire de 20.000 m2 du port franc dont le propriétaire principal
(86%) est le canton de Genève.
Importante documentation
C\u2019est ici, au milieu de milliers
d\u2019\u0153uvres inestimables, que Dmitry Rybolovlev fait la connaissance d\u2019Yves
Bouvier en 2003. Comment croire que l\u2019idée ne lui est pas venue de créer pour
son propre compte une telle structure? Dix ans plus tard, l\u2019oligarque est la
tête de l\u2019une des plus belles collections privées du monde, estimée deux
milliards de dollars. Il propose Yves Bouvier de devenir son associé dans un
Freeport Monaco. A cette occasion, il se fait remettre une importante
documentation sur le sujet. Mais le projet capote. La Principauté a bien ouvert
un port franc, mais il est géré par l\u2019Etat.
Asie-Pacifique
Rybolovlev se tourne alors vers la Russie. Plus précisément vers Vladivostok.
Une aubaine : le Premier ministre de la région, Yuri Trutnev, est l\u2019un de
ses amis. Celui qui lui a sauvé la mise après la catastrophe de la mine
d\u2019Uralkali. Mieux : plusieurs proches du Premier ministre sont des anciens
d\u2019Uralkali reconvertis dans le business. Une coïncidence ?
Début 2014, en proie quelques soucis financiers causés par son coûteux
divorce, l\u2019oligarque accuse le marchand d\u2019art de lui avoir surfacturé certaines
\u0153uvres. Il dépose plainte pour escroquerie. Il s\u2019agit de neutraliser, voire
d\u2019éliminer, un concurrent trop sérieux sur le projet de Vladivostok.
Pour 70 ans
Yves Bouvier est interpellé le 25 février 2015 Monaco sur la base de faux
documents et de faux témoignages. Ses avoirs sont placés sous séquestre. Le
marchand d\u2019art est aussi poursuivi Paris pour recel de vol dans une sombre
affaire de vol de deux Picasso initiée par Rybolovlev. Etrange.
Pendant ce temps la Russie accélère le projet de création d\u2019un Freeport
Vladivostok sur le modèle de ceux de Genève, Luxembourg ou Singapour créés par
Yves Bouvier. Du copier/coller en quelque sorte.
En juillet 2015, Poutine fait voter une loi accordant la ville le statut de
port franc pour 70 ans. Les \u0153uvres d\u2019art pourront y être stockées et vendues
dans les mêmes conditions qu\u2019 Genève.
Rybolovlev a réussi son coup. Mais pour combien de temps ?
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